14.11.25 — 20h30
Le Grillen
19 rue des Jardins
68000 Colmar
TARIFS :
20€
15€ membre/ étudiant
Réserver
Que reste-t-il de la fête quand on a tourné la clef dans la serrure de son appartement, décidé à se blottir pour une durée indéfinie, pas spécialement pressé de retourner suer ses pintes sur le dancefloor? Des souvenirs un peu flous, des images arrimées l’une dans l’autre et ce sentiment flottant d’être arrivé à destination. Jamais vraiment seul. On refait la nuit comme on rembobine un film et on zoom, au passage, sur des instants que l’on voudrait garder en tête éternellement. KCIDY danse toujours, au centre d’une piste baignée d’un éclairage naturel. Bonheur moins frappant, plus diffus, présent sur la longueur. On le remarquerait à peine si on ne décidait pas de ralentir la cadence. Ça tient à pas grand chose, finalement. Une seconde de contemplation, une vue que l’on découvre pour la première fois, une faille dans un tissu temporel que l’on pensait entièrement opaque. La vie mise sur pause offre souvent quelque chose de bien.
Le troisième album de KCIDY, après Lost in Space sorti chez A.B. Records et Les Gens Heureux chez Vietnam, maintient l’after party, prolonge la discussion le temps d’un bilan doux-amer, le coeur en proie à plusieurs cadences. Il y a dans sa pop quelque chose d’insaisissable. Elle est éminemment contemporaine avec en filigranes les quelques détails qui rendent les tubes intemporels. On ne la situe pas, pas exactement. Elle parle d’amour, d’amitié, de maternité, de nostalgie… autant de sujets qui traversent les époques, certes, mais abordés ici sans souscrire aux clichés auxquels ils pourraient être rattachés. On y découvre plutôt une naïveté spontanée, revendiquée. Les textes ne sont jamais cyniques, même quand ils charrient les espaces étouffants encore en cours de construction autour de nos corps impuissants. C’est le cas dans « Soudain une envie » par exemple ou « Je pense à toi », chanson d’amour ultime pour tous les doigts en feu à force de presser la surface d’identités numériques. À la croisée de plusieurs réminiscences sonores - synth pop 80s, twee, pop baroque, jazz, funk - KCIDY ne se refuse rien, surtout pas si c’est pour le fun. Un peu d’Elli et Jacno, de Julia Holter, des touches de K Records dans l’apparente simplicité de certains morceaux qui éclatent
comme des évidences. Peut-être aussi Paul Williams et ses compositions